L'Europe marche sur deux jambes, intergouvernementale et communautaire, mais aujourd'hui on claudine sur la première au mépris de la seconde. Quelles initiatives les députés du PPE vont-ils prendre et proposer dans le cadre de la campagne pour renforcer l'ensemble communautaire et ses institutions (Commission, Parlement) ?
Monsieur le Député européen Alain Lamassoure nous répond.
La
situation actuelle est, hélas, plus grave que celle que vous décrivez :
depuis le 1er janvier, aucune des deux jambes de l’Union ne fonctionne
de manière satisfaisante. Ni celle de la Commission, collectivement
affaiblie par la fin de mandat, et handicapée par le sort individuel de
plusieurs de ses membres, les uns, préparant leur candidature au
Parlement, d’autres bataillant chez eux dans l’espoir d’être reconduits
pour le mandat suivant. Ni celle du Conseil, devant la pusillanimité
brouillonne de la présidence tchèque : malgré la guerre de Gaza, la
crise russo-ukrainienne, l’aggravation spectaculaire de la crise
économique, la multiplication de plans nationaux de relance non
concertés, la présidence du Conseil aura attendu deux longs mois avant
de réunir un premier « sommet », prévu seulement pour le 1er mars
prochain. Pendant que j’écris ces lignes, un mini-sommet européen a
bien lieu pour préparer la future réunion du G20, mais c’est à Berlin,
à l’invitation d’Angela Merkel. Bref, on ne peut même pas dire que
l’Europe claudique : elle progresse par petits sauts à pieds joints
entravés.
Comme vous le soulignez, le progrès ne peut venir que d’un renforcement du couple Commission-Parlement. C’est bien dans cet esprit que le PPE prépare les élections européennes du 7 juin prochain, et cela sera dit clairement dans notre manifeste électoral. Mais, en pratique, tout dépendra de l’entrée en application du traité de Lisbonne. Sans lui, le Parlement continuera de n’avoir qu’un pouvoir amputé, le Président de la Commission restera dans une position objective de subordonné du Conseil européen, et celui-ci brillera ou s’effacera au hasard des présidences restées semestrielles : la Suède, qui succèdera à la République tchèque, est un pays sérieux, mais qui n’est membre, ni de l’euro, ni de l’OTAN, ce qui peut limiter son autorité sur les plus graves sujets du moment. L’Espagne, qui suivra, est celui des grands pays continentaux le plus gravement touché par la crise. Ensuite, pays fondateur, la Belgique a gardé un esprit européen irréprochable, mais le conflit linguistique y a transformé la politique intérieure en cauchemar paralysant pour le gouvernement fédéral…
Non, décidément, hors de « Lisbonne », point de salut !
L'Atelier
Europe remercie chaleureusement Monsieur le Député européen pour sa
participation aux Lundis de l'Europe, ainsi que pour sa disponibilité
et l'aide qu'il lui apporte.
Nous vous invitons à le retrouver sur son site.