Le recours au protectionnisme est une idée qui revient ces derniers temps. Un protectionnisme national ou européen pourrait-il être une solution pour les États membres de faire face à la crise ?
Monsieur le Député européen Alain Lamassoure nous répond.
Hier
matin, journée ordinaire, je me rends dans ma circonscription du
sud-ouest. Je suis réveillé par ma pendulette japonaise. J’enfile mes
babouches marocaines, je vais me brosser les dents avec mon dentifrice
hollandais, avant d’utiliser mon rasoir américain. J’allume ma télé
sud-coréenne, je monte le chauffage au gaz norvégien, et je prépare mon
café de Colombie, que je bois avec un jus d’orange d’Israël, complété
par une banane de la Martinique, des céréales danoises et une tartine
au beurre des Charentes, sorti du frigo espagnol. J’enlève mon pyjama
chinois pour enfiler un costume acheté à Athènes dans la succursale
locale d’un grand magasin anglais, confectionné en Roumanie pour le
compte d’un couturier italien. Je prends mon téléphone finlandais pour
commander un taxi parisien, qui m’est envoyé par un centre d’appel
tunisien. Le chauffeur vietnamien de la grosse voiture allemande qui me
conduit à Orly fait le plein dans la station service d’un groupe
anglo-hollandais, dont le pétrole vient du Nigeria. Je le paye en
retirant des euros dans le distributeur d’une banque de Hong-Kong. Je
monte alors dans un Airbus, affrété par une compagnie low cost
irlandaise, et dont le cockpit a été fabriqué en France, le fuselage en
Allemagne et en Espagne, les ailes en Angleterre, et les moteurs aux
Etats-Unis. Dans l’avion de Biarritz, près de moi sont assis le
directeur australien de la principale usine locale de vêtements de
surf, des hommes d’affaires russes en quête de placements immobiliers
et l’équipe de hockey du Canada qui va passer une semaine de remise en
forme sur la Côte basque.
Vous avez dit « protectionnisme » ? Dans les années 30, cette solution « miracle » a conduit à la guerre commerciale, puis à la guerre monétaire, puis à la guerre économique, et finalement à la guerre tout court. En 2009, heureusement, cela n’a plus de sens. Désormais, nous sommes condamnés à agir ensemble, non seulement entre Européens, mais entre les principales puissances économiques des cinq continents. Le « G20 », dont la prochaine réunion a lieu dans quelques jours, à Londres, est le cadre dans lequel cette crise mondiale doit se traiter.
L'Atelier
Europe remercie chaleureusement Monsieur le Député européen pour sa
participation aux Lundis de l'Europe, ainsi que pour sa disponibilité
et l'aide qu'il lui apporte.
Nous vous invitons à le retrouver sur son site.