Si la crise a bien montré que l'Euro a permis à certains États de l'Union de ne pas faire faillite (la France pourrait être dans le lot), l'Euro ne sera t-il pas un frein pour la relance de la croissance ?
Monsieur le Député européen Jean-Paul Gauzès, Membre de la Commission des affaires économiques et monétaires nous répond.
C'est en 1992 que l’objectif d’une monnaie unique a été inscrit dans le traité de Maastricht, qui a défini les règles fondamentales de son introduction. Les objectifs de l’Union économique et monétaire ont été fixés de même que les responsabilités respectives. Les conditions que les États membres doivent remplir pour adopter l’Euro ont été arrêtées. Ces conditions portent le nom de «critères de convergence» (ou «critères de Maastricht») : une inflation contenue et faible, une stabilité des taux de change et des finances publiques saines.
Pour pouvoir participer à la monnaie unique, les pays européens ont donc dû renforcer leur discipline budgétaire.
En vertu du pacte de stabilité et de croissance (PSC), les États membres de la zone euro préparent des programmes annuels de stabilité dont l’objectif est de garantir une discipline budgétaire rigoureuse grâce à la surveillance et à la coordination des politiques budgétaires au sein de la zone euro et de l’Union européenne.
Ces dispositions ne portent pas atteinte à la croissance. L'assainissement des finances publiques et croissance vont en général de pair. Les déficits ont été ainsi plus contenus depuis que l’Euro existe qu’auparavant.
Il est vrai qu'un Euro trop fort face au dollar, au yen et au yuan, pénalise certains segments de l'économie européenne. Il limite nos exportations et peut favoriser les délocalisations.
A cet égard, des efforts doivent être faits pour obtenir que les taux de change soient le reflet des situations économiques et non le résultat d'une intervention anormale de certains Etats concurrents.
Il reste que la monnaie unique présente un intérêt économique et politique appréciable. Elle est le complément logique du marché unique et lui confère une plus grande efficacité.
Le recours à une monnaie unique renforce la transparence des prix, élimine les frais de change, met de l’huile dans les rouages de l’économie européenne, facilite les échanges internationaux et permet à l’UE de mieux faire entendre sa voix dans le monde.
La taille et la force de la zone euro assurent aussi une meilleure protection contre les chocs économiques externes, tels que les hausses inattendues des prix pétroliers ou les perturbations des marchés financiers.
Mais, comme l'a rappelé le Ministre du budget, Eric Woerth, "il faut surtout se concentrer sur nos ressorts internes. C’est la politique du Gouvernement : restaurer la compétitivité et faciliter la création des entreprises, libérer le travail du carcan des 35 heures, favoriser la concurrence, dégager 1,8Md€ par an pour l’enseignement supérieur et de la recherche, et rendre plus efficace la dépense publique. Ceux sont là les vraies clés de la croissance future".
Nous
remercions chaleureusement Monsieur le Député européen pour sa
participation aux Lundis de l'Europe et nous vous invitons à le
retrouver sur son site.