L’Atelier Europe a eu le privilège d’être reçu par Jean Pisani-Ferry, Directeur du Cercle de réflexion Bruegel depuis 2005.
Supélec de formation, Jean Pisani-Ferry a été directeur du CEPII, conseiller économique de Dominique Strauss-Kahn et de Christian Sautter au ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, Président délégué du Conseil d'Analyse Economique, expert pour la Commission Européenne et le FMI et professeur à l'École Polytechnique et à l'Université Libre de Bruxelles. Aujourd'hui, il est Directeur du cercle de réflexion Bruegel depuis janvier 2005, mais aussi membre du Cercle des économistes, membre (juillet 2006) du Conseil d'administration du Think-tank Notre Europe fondé par Jacques Delors en 1996, membre du CAE, professeur associé à l’Université Paris-Dauphine, et vice-Président de l’AFSE. Jean Pisani-Ferry est membre du Conseil d’analyse économique (CAE) du Premier ministre et du Groupe d’analyse de politique économique (GEPA) auprès du président de la Commission européenne. Il est chroniqueur pour Le Monde et d’autres journaux européens.
« Bruegel » est un « think-tank » dont l’objectif est d’apporter des contributions et analyses économiques dans la perspective d’améliorer la politique économique européenne.
Au cours de notre entretien, nous avons pu échanger sur différents points d’actualité tant économiques qu’institutionnels. L'évolution du positionnement du président ede la Commission européenne a été discutée: là où Delors, en son temps, disposait d’une légitimité issue d’un consensus politique autour de sa personne, José-Manuel Barroso, lui, peut espérer fonder la sienne sur la confirmation de son mandat par le Parlement Européen,, qui devrait lui permettre de faire face aux opinions des différents chefs d’État..
Par ailleurs, nous nous sommes demandé si les institutions européennes, au lendemain du Traité de Lisbonne, étaient suffisantes pour assurer le développement de l'Union Européenne. De notre conversation avec Jean Pisani-Ferry, il est ressorti que le budget était un élément de solidarité fort qu’il convenait de développer pour réellement mettre en œuvre des programmes communs comme la défense, la police et une politique d’innovation ambitieuse. La gestion par la Commission européenne des fonds destinés à des programmes spécifiques en Europe (environnement, société civile, subventions diverses) était d'une qualité et d'une efficience moyenne, sans apport notable par rapport celle qu'aurait mené tout autre gestionnaire public. La valeur ajouté de l'UE, en revanche, se situait clairement dans approfondissement d'un marché intérieur encore à parfaire: financement des infrastructures manquantes des réseaux transeuropéens, déblocage des goulets d'étranglement du marché de l'énergie, progrès dans la portabilité des droits sociaux (retraite, sécurité sociale) et des diplômes.
Concernant les discussions politiques en cours relatives à la question des déficits budgétaires forts en Europe, il est ressorti que les sanctions automatiques ne semblaient pas être la solution. J. Pisani-Ferry soutenait globalement les initiatives alors sur le point d'être discutées au Conseil européen, qui prévoyaient un double mécanisme de soutien aux budgets des Etats défaillants et de surveillance accrue, tout en rappelant que le vrai problème se situait au niveau du rythme de croissance de la zone euro. Nous avons conclu notre échange en abordant les faiblesses de l’Europe par rapport aux États-Unis et à sa faible productivité: Jean Pisani-Ferry nous a rappelé que la productivité européenne aujourd'hui était inferieure à celle de 2007! Le chômage n'est finalement pas l'élément qui s’est le plus dégradé, mais bien plutôt la compétitivité et la productivité. L’Europe présente en outre des éléments de faiblesse concernant deux facteurs de croissance endogène majeurs: les ressources humaines et l’innovation. C'était clairement là que devait porter l'effort.
Atelier Europe