M. Mélenchon est un habitué des attaques approximatives contre l'UE, et notamment la BCE. Mais c'est un assaillant habile qui évite le plus souvent les erreurs factuelles par un recours aux approximations, aux sous-entendus, plutôt qu'à la précision, toujours périlleuse. Mais à l'oral, il peut se laisser aller, comme lors de la fête de l'humanité ce week-end, où il a affirmé qu'il fallait que "la BCE prête directement [aux États] au taux où elle prête aux banques aujourd’hui, c’est-à-dire à 0% ou 1%."
Qu'il faille ou non que la BCE prête ou non aux États directement peut prêter à débat. Mais affirmer que la BCE prête aux banques (commerciales) à 0 ou 1% est tout simplement faux, et doublement d'ailleurs.
D'abord parce que le taux auquel la BCE prête aujourd'hui est 1,5%, ce qui est infiniment plus que 0%, et 50% de plus qu'1% - ça n'est donc pas une petite erreur de la part de M. Mélenchon.
Ensuite et surtout parce que ce taux auquel la BCE prête est un taux au jour le jour, tandis que les prêts qu'accordent les banques commerciales sont à beaucoup plus long terme: des quelques mois (prêts à la consommation) à quelques décennies (prêts aux États, prêts immobiliers). Par exemple, l'échéance moyenne de l'endettement français est de sept années environ. Les banques commerciales qui prêtent à cet horizon savent quel sera le taux BCE demain, mais pas après demain et certainement pas dans cinq, six ans ou sept ans... bref, il faut savoir de quoi l'on parle avant de se lancer dans des comparaisons hasardeuses.