Alors que les souverainistes de tous bord (Zemmour, Todd, Chevénement, Dupont-Aignan, Le Pen...) affirme que la crise qui secoue l'Europe annonce un retour en force de l'État-nation, un sondage récent (publié sur le site du Figaro) apporte une réponse qui tranche singulièrement avec cette thèse. À la question "Faut-il aller rapidement vers une Europe fédérale?", près de 75% des lecteurs ont répondu "oui". Certes, c'est un sondage, qui plus est réalisé sur la base d'un échantillon non représentatif (les lecteurs d'un journal clairement positionné à droite de l'échiquier politique), et donc cela ne saurait refléter, par exemple, le résultat d'un référendum lors duquel la même question serait posée à l'ensemble des citoyens.
Mais le chiffre demeure très significatif, d'une part parce que l'échantillon n'est pas négligeable (plus de 40000 réponses), d'autre part parce que le résultat positif est sans appel. Alors même que les partis de droite et de gauche s'affrontent voire se déchirent entre pro-européens et eurosceptiques (un euphémisme qui désigne les plus souvent les souverainistes), les seconds semblant gagner des points si l'on en croît leur "bruit médiatique", l'écho populaire est bien différent: oui, les citoyens semblent prêts pour une Europe fédérale. Ce ne sont pas les élites "européistes" qui nient les aspirations réelles du peuple comme le claironnent les souverainistes, mais au contraire ces derniers qui s'accrochent à une antienne qui a de moins en moins d'ancrage populaire. Les Français sont sans doute bien conscience de ce que pèse leur pays dans la mondialisation, et de l'isolement et du déclin auquel conduiraient de telles politiques de repli.