Actuellement, l’Eurogroupe est présidé par le président du conseil européen. Nous proposons d’unifier les débats en confiant cette présidence au commissaire européen compétent. Nous estimons que les progrès de la gouvernance économique de l’Europe doivent aller de pair avec la montée en puissance évidentes des enjeux économiques depuis deux ans.
Pour autant, puisque les membres de la zone euro se sont engagés à franchir le Rubicon, ils ne peuvent rester au milieu du gué, faute de quoi la stabilité budgétaire chèrement acquise ne pourra pas déboucher sur une croissance robuste, seule réelle garante sur le long terme de la soutenabilité des dettes publiques. Faute d’une gouvernance économique renforcée, la Commission - l’exécutif européen - ne sera là que pour manier la baguette, pas pour donner les impulsions nécessaires à la construction d’une zone de prospérité dans un environnement globalisé et concurrentiel. Or la légitimité ne se construit pas par le seul droit de punir et l’autorité dont elle a besoin ne saurait être acquise sans être assise sur des résultats tangibles pour tous les Européens
Pour cela, la création d’un "ministre des finances" de la zone euro est nécessaire. Mais il ne s’agit pas de créer un nouveau poste, une nouvelle administration: il faut au contraire confier la présidence de l’Eurogroupe (la réunion des ministres des finances de la zone euro) au Commissaire européen en charge des affaires économiques et financières (et non comme aujourd’hui à l’actuel président du Conseil européen Herman van Rompuy) sur le modèle de la Haute représentante pour les affaires extérieures, Catherine Ashton, qui cumule ce poste avec un portefeuille de Commissaire européen.
Les bénéfices de la fusion seraient de trois ordres:
(i) une visibilité et une légitimité politique puisque le Commissaire en question serait l’incontestable représentant de la zone euro pour les questions économiques et notamment budgétaires (et le pendant du président de la BCE) ;
(ii) une légitimité technique, puisqu'il disposerait d’une administration d’économistes capable d’étayer ses positions (ce qui n'est pas le cas de l'actuel président de l'Eurogroupe, simple "Primus inter pares") ;
(iii) une clarification de l’architecture institutionnelle: si, en parallèle, il était notamment possible de procéder à la fusion des postes de président du Conseil européen et de président de la Commission européenne (une proposition que l’Atelier Europe défend également), l’UE dispoerait alors d’un président et de deux "ministres d’Etat" pour les sujets les plus souverains: les affaires étrangères et les enjeux économiques, sans doublons inutiles.
Cette proposition ne nécessite pas de révision des traités.