La dimension économique de la présidence danoise s’est dès le départ articulée autour de deux objectifs : la mise en œuvre des nouvelles règles de gouvernance et la poursuite de la réforme de la régulation financière.
Pour la première fois également, le « semestre européen » a été mis en œuvre dans son intégralité et les programmes de stabilité vont être soumis dans ce cadre redéfini. Sur cette base, la Commission va pouvoir émettre des recommandations bien plus en amont dans le processus d’élaboration des lois de finance dans les Etats-membres.
L’objectif général est donc clair : dans un contexte où 23 des 27 Etats-membres sont engagés dans une procédure de déficit excessif, il faut que les nouvelles règles soient appliquées et que la politique budgétaire soit mise en œuvre. Cela est d’autant plus nécessaire qu’au-delà des trois Etats-membres aujourd’hui « hors marchés » (Grèce, Portugal et Irlande), des questions se posent également pour l’Espagne et l’Italie, mais aussi pour la Belgique, la France…
La Hongrie pourrait à ce titre est le premier pays sanctionné, via la suspension des fonds de cohésion. C’est un test crucial pour la crédibilité des sanctions.
En matière de régulation financière, les réformes avances également : sur les produits dérivés, sur les exigences de fonds propres. Enfin, l’action conjuguées de la BCE (LTRO) et du FESF / MES devraient permettre d’apaiser au moins temporairement les tensions sur les marchés. Mais une question centrale demeure : celle de la croissance. Faut-il relâcher la consolidation budgétaire pour la renforcer ? Ce serait un choix risqué et dans tous les cas de courte vue. Il faut au contraire relancer la croissance par des réformes structurelles : concurrence, marché du travail, barrières à l’entrée sur les marchés de services…Tous les pays doivent s’engager dans cette voie face à laquelle il n’y pas d’échappatoire. Quant à la question du renforcement des sanctions, il faut garder en tête qu’il ne s’agit que d’anticiper et de prévenir les sanctions qui pourraient être appliquées par les marchés, lesquelles sont toujours plus douloureuses que les sanctions institutionnelles. A cet égard, l’élargissement de la surveillance aux déséquilibres macroéconomiques est une avancée réelle. A la question de l’ancrage de la couronne Danoise à l’euro, la réponse est simple : cette question n’existe pas au Danemark. Cette inclusion de facto du Danemark dans la zone euro ne soulève pas de débats, car les Danois connaissent le prix de la volatilité monétaire et de l’inflation. La stabilité procurée par l’ancrage à l’euro est donc unanimement saluée. Les dévaluations compétitives ne sont jamais que des solutions temporaires qui n’améliorent en rien la compétitivité réelle du pays. Pour autant, le Danemark a rejeté par référendum l’entrée dans la zone euro. Ce paradoxe apparent s’explique sans doute par la dimension symbolique de la monnaie et par le fait – ironie de l’histoire alors que l’euro apparaît aujourd’hui surévalué ! – qu’à l’époque les Danois craignaient de rejoindre une monnaie faible.
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