Alors que la Présidence Française de l’Union européenne (PFUE) vit ses dernières semaines de mandat, le Commissaire Jacques Barrot, chargé du portefeuille de la Justice, Liberté et Sécurité depuis cette Présidence, a accepté l’invitation de l’Université d’ASSAS à Melun et de l’Atelier Europe pour présenter un premier bilan des dossiers qui lui ont été confiés.
« La Présidence Française est une réussite ! », voici les premiers mots de Jacques Barrot pour traduire les actions volontaristes de Nicolas Sarkozy qui s’appuieront sur « des Institutions de plus en plus solides ». Un optimisme appréciable en ces temps de crises ! Crise géorgienne, crise financière, crise économique, autant de sujets imprévus au programme de la Présidence Française mais qui ont permis des actions engagées et l’avancée de certains travaux de la commission.
Jacques Barrot est bien entendu revenu sur le « Pacte sur l’immigration et l’asile » et nous a détaillés en quelques points les orientations qu’avaient pu prendre ses travaux. Il a insisté sur le fait que l’Union Européenne a deux devoirs majeurs en termes d’immigration :
- L’intégration (gestion des flux migratoire)
- L’asile (droits fondamentaux)
A) La gestion du flux migratoire au sein de l’Union se fait selon deux axes
1) L’immigration régulière, réglementée.
Il s’agirait de créer une « carte bleue européenne » à la manière de la Green card américaine. Elle permettrait une accessibilité à tous les États membres de l’UE à son détenteur. Ceci serait un début d’incitation à une immigration vers l’UE pour un objectif professionnel ou d’étude. Pour autant, une clause d’éthique y est établie pour aller à l’encontre de la fuite des cerveaux de certains pays. Le statut des saisonniers et des stagiaires est aussi traité dans ce dossier, afin de permettre une plus grande fluidité du travail temporaire d’un pays à l’autre de l’Union.
2) L’immigration irrégulière
Un contrôle renforcé et réfléchi est planifié selon trois axes : le contrôle par bateau des côtes Nord africaines, le contrôle au niveau des visas et le contrôle des employeurs de sans papiers.
Pour permettre la gestion de ces flux, des outils sont mis en place pour la liberté de circulation. Il s’agit de surveiller les frontières aux abords de la zone Schengen. Les solutions proposées sont :
- La biométrie
- La gestion informatique des visas
- La surveillance des entrants
B) La gestion de l’asile au sein de l’Union se fait selon une coopération entre l’espace civil et pénal
1) Faire valoir ses droits
Sur le sujet des binationaux par exemple : un système de reconnaissance mutuelle est proposé pour qu’un couple puisse faire valoir ses droits nationaux au cours d’un divorce et que la pension alimentaire due aux enfants puisse être débloquée rapidement.
Concernant le testament, chaque européen aura la possibilité de choisir entre le pays de résidence et de sa citoyenneté pour les droits qui régiront la libération de ses volontés testamentaires.
2) La coopération pour le pénal
La création d’un mandat d’arrêt européen a déjà permis de faciliter de nombreux recours. La mise en réseau des casiers judiciaires permettra de faciliter les procédures. Les garanties procédurales pour les accusés sont encore à approfondir.
3) La gestion du crime organisé
Internet : des plateformes de surveillance auprès d’Europol permettraient de mieux suivre les sites Internet
La traite des humains : surveillance accrue pour une éradication totale en Europe
La drogue : une plateforme de surveillance sur la Méditerranée est en place, une autre prochainement sur l’Atlantique
Le terrorisme : des études sont faites sur les étapes amenant au phénomène de radicalisation.Les menaces chimiques et nucléaires sont étudiées par des scénarii.
Les respects des droits fondamentaux issus de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dont le 60ème anniversaire a eu lieu le 10 décembre dernier, amène l’UE à franchir une étape supplémentaire en rédigeant une Charte des Droits Fondamentaux à laquelle adhéreraient tous les pays membres et futurs membres.
Ainsi, tous les textes de l’UE devront respecter les droits fondamentaux. Tout manquement pourrait entraîner le déclenchement d’une procédure d’infraction devant la Cour de justice européenne, ce qui reste aujourd’hui encore fastidieux.
Jacques Barrot a ensuite répondu à plusieurs questions dont certaines réponses permettent de comprendre la difficulté des travaux pour ce portefeuille.
Harmonisation du code du travail ?
Il est difficile d’harmoniser le code du travail du fait de l’histoire et de l’hétérogénéité des systèmes sociaux européens. À noter que le code du travail US reste fédéré mais pas harmonisé.
Le PNR (Passenger Name Record) européen ?
Les États-Unis imposent aujourd’hui à l’UE un PNR sans pour autant justifier de son utilisation. Le moyen de contrer cela pourrait être de faire un PNR européen plus transparent dans son utilisation et pouvant faire face au PNR américain.
La gestion du flux migratoire avec l’Afrique ?
Jacques Barrot a indiqué que l’approche globale par accord bilatéral avait été adoptée pour les pays d’Afrique. Ces accords bilatéraux font soin de notifier des aides au développement, des permis d’immigration dans certaines conditions ou encore s’assurer de la réadmission des émigrés par leur pays d’origine.
Jacques Barrot a enfin souligné la nécessité de former les magistrats de sorte que les juges français prennent la mesure de leur compétence communautaire, le juge national étant tenu par le Traité CE d'appliquer les dispositions communautaires.