La crise peut-elle déboucher sur davantage de coordination économique au sein de la zone euro d'une part, et de l'Europe des 27 d'autre part ?
Monsieur le Député européen Alain Lamassoure nous répond.
D’abord, il faut y insister parce que c’est presque passé inaperçu, dans la tourmente, la zone euro s’est révélée être le meilleur des remparts. Alors que les eurosceptiques et les esprits chagrins annonçaient qu’elle volerait en éclat à la première tempête, on mesure aujourd’hui combien elle a sauvé ses membres d’une spéculation monétaire qui a emporté, non seulement la minuscule Islande, mais aussi l’immense Russie comme le puissant Royaume-Uni lui-même. Le Danemark, la Suède, et tous les pays de l’Est, qui avaient cru habile de différer leur entrée dans l’euro se bousculent maintenant pour se mettre à l’abri.
Ensuite, grâce à l’énergie de Nicolas Sarkozy lorsqu’il a assuré la présidence de l’Union au début de la crise, l’Europe a fait la double preuve de sa capacité à s’unir dans l’adversité et de son efficacité lorsqu’elle était unie. En octobre 2008, c’est le plan de sauvetage financier adopté par les 27 – et non le plan américain - qui a évité le naufrage de tout le système financier mondial. Et c’est l’Europe qui a demandé et obtenu les réunions du G20 pour passer de la solidarité européenne à la coopération mondiale.
Depuis le début de l’année, la pédagogie se poursuit à la faveur… de la faiblesse de la malheureuse présidence tchèque. D’une part, on vérifie combien nos intérêts sont liés de manière inextricable : la prime à la casse allemande a bénéficié largement à Renault et à Peugeot, producteurs de petites voitures économes en CO² ; la baisse de la TVA en Angleterre profite aux fournisseurs étrangers du Royaume-Uni ; BNP-Paribas a pu racheter Fortis avec le concours des contribuables belges… D’autre part, il est évident que, si la coordination de nos politiques nationales n’est pas optimale tout au long du traitement de la crise économique et, au-delà, dans la difficile période de sortie de crise, nous courons le risque de retomber dans la tentation de l’égoïsme national, qui serait suicidaire.
C’est dire qu’aujourd’hui plus encore qu’hier le traité de Lisbonne apparaît absolument indispensable. Heureusement, ce sentiment semble désormais partagé même en République tchèque – le dernier vote de ratification, celui du Sénat, aura lieu le 7 mai – et en Irlande. Une fois de plus se vérifie l’adage selon lequel l’Europe ne se construit et ne se réforme qu’à la faveur des crises. Mais, après tout, en va-t-il différemment dans nos politiques nationales ?
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