Quelles sont les priorités du Parlement européen pour cette nouvelle législature? Les eurodéputés français ont récemment été reçus au Quai d'Orsay, est-ce le signe qu'ils suivent d'autres priorités que celles de leurs groupes parlementaires?
Philippe Juvin, nouvellement élu au Parlement européen, nous répond.
Le Parlement européen issu des urnes en juin 2009 a débuté son travail dans un contexte institutionnel assez particulier. En effet, le Traité de Lisbonne, dont l'entrée en vigueur a longtemps été repoussée, conditionnée par l'issue du référendum irlandais et l'approbation par le Président tchèque Vaclav Klaus, est finalement d'application depuis le 1er décembre 2009. Cette avancée institutionnelle importante va permettre au Parlement européen d'accroître ses pouvoirs, et donc aux citoyens européens d'être mieux entendus. Au-delà de l'aspect institutionnel, le début de cette nouvelle législature est marqué par un contexte de crise financière, économique et sociale, ainsi que par la prise de conscience grandissante de la nécessité de lutter contre le changement climatique (notamment dans le cadre du sommet des Nations Unies à Copenhague du 7 au 18 décembre prochains qui vise à préparer l'après-Kyoto). L'Union européenne se conçoit ainsi de plus en plus en tant qu'acteur à part entière sur la scène internationale.
En juin 2009, les électeurs européens issus des 27 Etats membres ont envoyé au Parlement européen 736 députés qui se sont répartis en sept groupes politiques différents: groupe du Parti Populaire Européen (PPE) dont fait partie la délégation française UMP-Nouveau Centre-Gauche Moderne, groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et des Démocrates (S&D), groupe de l'Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe (ADLE), groupe des Verts/Alliance libre européenne, groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR), groupe Confédéral de la Gauche Unitaire européenne/Gauche Verte Nordique (GUE-NGL), et groupe Europe de la liberté et de la démocratie (EFD). Les députés européens évoluent à la fois dans un contexte européen (au sein du Parlement européen, par groupe politique), national (dans leur Etat-membre respectif) et local (dans leur circonscription). Cette pluralité d'approches fait que les députés européens défendent certes les intérêts de leur pays et de leurs concitoyens (ce qui se traduit notamment au sein du Parlement européen par une organisation en délégations nationales). Mais en même temps, ils ont à cœur de construire des valeurs et des intérêts supranationaux; ils défendent en ce sens l'intérêt européen tel que véhiculé par le projet politique lancé au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale par Robert Schuman et Jean Monnet. Le travail d'un député européen implique nécessairement de dépasser les cadres nationaux et, très souvent, les cadres politiques, afin de faire de l'Europe ce qu'elle a vocation à être, unie dans la diversité.