Enfin, les vraies questions sont posées. Il ne saurait, en effet, y avoir de monnaie unique sans évaluation, rapprochement et coordination des situations budgétaires des différents États concourant à la zone Euro. En la circonstance, la susceptibilité souveraine est une position qui, au vue des éléments actuels parait difficilement tenable pour ne pas dire totalement irresponsable. L’Histoire récente nous démontre, en effet, s’il le fallait que la négligence, l’irresponsabilité, la prévarication peuvent être des pratiques fortement usitées même en Europe. Les faits sont éloquents. Souveraineté oblige, bon nombre d’États ont cru assurer leur liberté économique en ne respectant absolument pas les obligations auxquelles ils avaient volontairement souscrit en adhérant à la zone euro. Certains ont même frauduleusement manipulé les données relatives aux comptes publics. De surcroit, ils ont contribué à pénaliser les autres États membres appelés en appel de passif! Et réduit à bien de peu de chose la confiance mutuelle sans laquelle l'UE ne saurait fonctionner. Reconnaissons néanmoins que cette crise, qui était prévisible, aura le mérite de faire avancer significativement la construction européenne dans une logique plus intégrante. Il faut rompre avec le chacun pour soi budgétaire et donner enfin à l'Europe les moyens d'une véritable politique économique. Ce que les politiques n’avaient pas réussi à faire, les circonstances du moment pourraient l’imposer.
Loïc Tribot La Spière, Délégué général du CEPS
Jérôme Cloarec, Président de l'Atelier Europe
Loïc Tribot La Spière, Délégué général du CEPS
Jérôme Cloarec, Président de l'Atelier Europe