Le 18 mai dernier, l’Alliance française de Cork (Irlande), en partenariat avec l’École d'Histoire de l'UCC, organisaient un symposium pour les 60 ans de la déclaration Schuman, considérée comme l’Acte fondateur de la construction européenne. La déclaration Schuman du 9 mai 1950 fut à l’origine de la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), précurseur de la Communauté, fondée en 1958, puis de l’Union européenne actuelle.
Bien qu’elle n’ait elle-même adhéré à la Communauté qu’en 1973, l’Irlande, au travers des étudiants et professeurs participant au symposium, est apparue au cours de cette journée comme profondément ‘schumanienne’: totalement fidèle à l’unité européenne, mais en même temps rétive aux « constructions d’ensemble », et privilégiant largement les « réalisations concrètes […] sur des points limités mais décisifs » aux bouleversements plus larges.
Son et lumière
Pragmatisme diplomatique ou isolationnisme ?
L’après-midi, les participants se séparèrent en 4 groupes, pour constituer 4 tables rondes consacrées à la jeunesse en Europe, à la défense européenne, à la culture en Europe et à l’avenir politique et institutionnel de l’Union.
La table ronde consacrée à la défense européenne a fortement souligné la réticence du peuple irlandais à doter l’Union européenne d’une armée commune. Certains arguments étaient manifestement frappés au coin du bon sens: personne ne pense qu’une véritable armée européenne puisse être instaurée à brève échéance, et il est de fait qu’à l’heure actuelle, l’Union européenne n’est guère menacée d’invasion. Malgré tout, on sentait chez certains membres de l’auditoire des réticences plus larges: réticence à consentir que l’Europe puisse défendre de manière offensive ses intérêts sur la scène internationale, réticence à accepter de voir des soldats irlandais engagés sur un terrain d’opération sur ordre d’un pouvoir européen. Bien qu’aucun de ces deux scénarios ne soit à l’ordre du jour, ces débats venaient utilement rappeler que la traditionnelle ambition française d’une ‘Europe – puissance’ était loin d’être universellement partagée en Europe, et ce indépendamment de son caractère pour l’heure strictement théorique.
En dépit de ces réticences, les étudiants irlandais se sont révélés très au fait des réalités internationales, et conscients de l’impossibilité pour les Européens de se désintéresser des affaires du monde. La table ronde a permis de dégager un certain consensus autour de mesures souhaitées par tout partisan d’une défense européenne: en particulier, la nécessité de poursuivre le processus de standardisation et d’interopérabilité des armées européennes, afin qu’à défaut de fusionner ces dernières puissent coopérer en parfaite harmonie les unes avec les autres. Un processus qui aurait également l’avantage, soulignée par plusieurs participants, de réaliser de substantielles économies, motivation non négligeable en période de disette budgétaire.
Quentin PERRET
Deux autres comptes rendus sont disponibles en français et en anglais.
Trois documents sont également disponibles:
Trois documents sont également disponibles:
- l' intervention faite par M. aan de WIEL sur l'Irlande et l'Europe des 6 (1945-1973);
- la présentation des débats sur la question de l'armée européenne par M. Perret;
- la présentation des débats sur le pouvoir d'intégration de la culture en Europe par Dr Autissier, Université Paris VIII.