Alors qu’un vent aux parfums de jasmin et de volonté démocratique souffle sur le Maghreb et le Machrek, la nécessité d’un changement d’approche dans les relations euro- méditerranéennes semble plus qu’urgent.
Dans la continuité du Processus de Barcelone, l’Union pour la Méditerranée, créée lors du sommet de Paris en juillet 2008 sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, s’est attachée à rapprocher les pays riverains du « Lac intérieur », en favorisant des projets de coopération sur des sujets à la fois consensuels et stratégiques (énergie, transports, culture…).
Au-delà de la noble intention, les motivations sous-jacentes et la gouvernance de ce projet se sont avérées incapables de bâtir une nouvelle donne. En effet, l’UPM a été, dès ses débuts, un outil diplomatique essentiellement français, piloté par la présidence de la République, servant notamment à proposer à la Turquie un partenariat renforcé en guise d’ersatz à une adhésion à l’UE, ce qui n’a guère trompé les héritiers de l’empire ottoman, qui ont préféré privilégier une diplomatie d’influence au Moyen-Orient, et tourner le dos à leurs interlocuteurs européens. De même, la maigre place accordée à Israël doit être revalorisée, dans un premier temps par de la coopération sur des domaines consensuels, comme la recherche, l’innovation, ou encore le développement durable. L’UPM n’a pas vocation a piloter le processus de Paix israélo-palestinien, n’ayant pas à ce jour une légitimité et un poids politique suffisant.
Ce Quai d’Orsay bis, servant presqu’exclusivement les intérêts de la politique arabe de la France, a maintenu une « Mission » à l’Elysée, malgré la nomination d’un Secrétaire général de l’UPM basé à Barcelone, nommé sur des critères dignes des doges de Venise: faible et influençable, sans pouvoir exécutif.
Les évènements sur la rive sud de la Méditerranée sont une opportunité pour la France de « lâcher prise » et de bâtir, avec tous les partenaires, un véritable espace de co-décision et de coopération. Le projet en gagnerait en crédibilité, et efficacité.
La création d’un secrétariat d’État aux Affaires méditerranéennes au Ministère des affaires étrangères permettrait d’illustrer cette volonté de relation assainie, et doter la France d’un outil diplomatique transparent, vers une région d’où elle a tant reçu culturellement, spirituellement et philosophiquement.
TM