Une erreur fréquemment répandue ces jours-ci, notamment par l'eurodéputé et ancien sénateur Mélenchon, veut que l'Union européenne aggrave la situation financière de la Grèce. Or non, l'UE n'enfonce pas la Grèce mais au contraire lui permet de préparer les conditions nécessaires à la restauration de son économie. L'Union européenne a - entre autres - mis sur pied à cet effet deux mécanismes permettant de soutenir directement les pays de la zone en difficulté: le Fond européen de stabilité financière (ou FESF) garanti par les Etats Membres de la zone Euro et que le Mécanisme européen de stabilisation financière (ou MESF), qui, à la différence du FESF, est garanti par le budget de la Commission européenne, c'est-à-dire in fine par tous les États de l'UE (et donc pas seulement ceux de la zone euro). Ces fonds sont autorisés à procéder à l'achat de dette sur le marché secondaire et à prêter aux Etats en difficulté (la Grèce, l'Irlande et le Portugal y ont fait appel).
Premier bénéfice pour la Grèce: elle trouve dans l'UE un acheteur pour sa dette, ce qui lui permet de maintenir le fonctionnement de l'Etat grec et de ses services publics. Si l'UE n'était pas intervenue, la Grèce aurait fait faillite à coup sûr, se serait écroulée et ferait actuellement la douloureuse expérience que vit l'Argentine depuis 10 ans, qui elle, n'a pas bénéficié d'un tel soutien depuis son défaut.
Deuxième bénéfice pour la Grèce: contrairement à ce que peut écrire M. Mélenchon, l'UE permet à la Grèce de financer cette dette à des conditions tout à fait privilégiées. Les acheteurs de dettes souveraines (celles émises par les Etats) exigent habituellement un taux d'intérêt reflétant le niveau de risque de non-remboursement par ces Etats de la dette qu'ils sont prêts à acheter. Dans le cas de la Grèce, avant l'intervention de l'UE, non seulement les taux des obligations grecques avaient explosé (ou, dit autrement, les prix de ces obligations sur les marchés s'étaient effondrés), mais surtout les investisseurs ne voulaient plus prêter à la Grèce, ce qui aurait fait rendre gorge au peuple grec. L'UE a elle démontré qu'elle prenait le risque de prêter à la Grèce, faisant peser sur les contribuables français, allemands, belges, etc... le risque de non-remboursement.
L'UE ne creuse donc pas le gouffre de la dette grecque; au contraire elle permet, par sa solidarité, à la Grèce de ne pas y sombrer.