Le Front National a fait de la sortie de l’euro l’un de ses chevaux de bataille dans la campagne pour l’élection présidentielle de 2012. Il a notamment publié un plan de sortie de l’euro, qui s’accompagnerait d’une dévaluation pour relancer l’économie française.
L’Atelier Europe a déjà démontré l’ineptie des scénarios de retour au Franc, l’inflation et l’instabilité qu’ils entraîneraient, affectant durement et durablement les entreprises comme les ménages, à court comme à long terme.
Nous souhaitons simplement ici rappeler ce qui pourrait être une évidence, à savoir que la dévaluation est le choix des faibles, de ceux qui ont capitulé car ils ne pensent plus être capables de produire mieux, donc font le choix de produire moins cher via une monnaie dévaluée.
Certes, la dévaluation peut apporter une « bouffée d’air » à court terme , mais elle n’enrichit pas le pays qui la pratique (il vend plus au début – mais se fait payer dans une monnaie qui vaut moins - et son chômage baisse transitoirement – jusqu’à ce que les salariés se rendent compte qu’ils sont en fait moins payés en termes réels puisque l’inflation importée érode leur pouvoir d’achat)
D’autre part elle le détourne des vrais enjeux, ceux de la compétitivité, telle qu’elle s’acquiert par l’innovation, les investissements dans la recherche et le développement, mais aussi le capital humain via la formation initiale et professionnelle… En résumé, tout ce qui permet à un pays de fabriquer de meilleurs produits et de fournir de meilleurs services, tout ce qui lui permet de devenir de plus en plus « price maker » (c'est-à-dire d’imposer ses prix sur les marchés internationaux car ses produits se distinguent suffisamment de la concurrence et sont peu sensibles au prix) et de moins en moins « price taker » (c'est-à-dire d’être obliger de mener une concurrence par les prix quand d’autres (et trop de) pays sont capables de proposer les mêmes produits).
La dévaluation proposée par le Front National n’apporte rien de tout cela : elle utilise au contraire l’euro comme bouc émissaire pour éviter de poser les bonnes questions, auxquelles le FN semble bien incapable de répondre.
La France doit donc choisir entre la facilité et l’illusion du court terme qu’apporte la dévaluation compétitive, et la compétitivité à long terme, qui seule peut enrichir un pays et faire durablement croître la qualité de vie et le pouvoir d’achat de ses citoyens. C’est un choix difficile pour un homme ou une femme politique, car il faut convaincre les électeurs que la croissance durable passe par la rigueur à court terme, l’adoption de réformes qui obligent à certains coûts de transition. Peut-être cela distingue-t-il les hommes d’Etat des politiciens : le Front National et ses leaders ont tranché une fois de plus.