Abritée dans les bâtiments dévolus du Premier Ministre danois, la salle du conseil des ministres, pièce blanche, lumineuse et propice à la concentration, voit se réunir chaque semaine le gouvernement. C’est en ce lieu que nous sommes reçus par Monsieur Jens Kisling, conseiller diplomatique et conseiller en chef pour les affaires européennes auprès du Premier ministre.
Pour notre hôte, le défi de cette 7ème présidence danoise de l’Union européenne est clair : gérer la violente crise des dettes souveraines européennes pour retrouver la stabilité économique et jeter les bases de la croissance et de l’emploi, tout en mettant en œuvre le traité de Lisbonne. Ce nouveau traité « ôte une partie des prérogatives antérieures au pays en charge de la présidence de l'Union européenne », commentera d’ailleurs notre hôte au détour d'un échange. En effet, avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, le 1er décembre 2009, le rôle de la présidence du Conseil a été modifié, notamment avec la nomination d’un président permanent du Conseil européen (Monsieur Van Rompuy) et d’un Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (Madame Ashton).
L’agenda de ce semestre européen n’a pas laissé beaucoup de place aux sujets autres que celui de la crise, lequel s’était déjà imposé à la Pologne les six mois précédents. Pourtant, après les élections générales de septembre 2011 qui ont vu un changement de majorité, le programme de la Présidence a dû être rapidement mis sur pied, le Danemark souhaitant œuvrer en faveur d’une Europe responsable, dynamique, verte et sûre en vue d’assurer sa pérennisation sur les plans économique, social et environnemental. Quatre axes se dégagent :
Pour sortir l’Europe de la crise, le Danemark veut rétablir la confiance dans les économies européennes, notamment en améliorant les finances publiques et en mettant en œuvre des réformes structurelles. Compétitivité, croissance et emploi sont les maîtres mots. La régulation du secteur financier constitue également une priorité de la Présidence danoise, avec le renforcement de la réglementation et de la surveillance financière.
Enfin, les négociations relatives au cadre financier pluriannuel du budget européen pour la période 2014-2020 et les réformes concernant les grands domaines politiques (agriculture, fonds structurels, recherche) figurent parmi les priorités du semestre européen.
2. Une Europe dynamique
Considérant que le marché unique est le ciment de l’Union européenne, la Présidence danoise souhaite revitaliser un marché intérieur pour qu’il crée de la croissance et des emplois. Le marché unique doit être perfectionné (par exemple, en matière de régulation des tarifs de téléphonie mobile transnationale) pour les citoyens et les entreprises, notamment sur la base des douze propositions formulées antérieurement.
La Présidence danoise compte valoriser la politique commerciale commune, laquelle est perçue comme un levier pour la croissance et l’emploi. Malgré la crise, l’Europe doit s’appuyer sur ses exportations, notamment technologiques.
3. Une Europe verte
Le Danemark veut encourager la transition vers une économie plus verte et renforcer la place accordée au développement durable en Europe. Il souhaite agir sur les problèmes croissants générés par la pollution, la pénurie à terme des ressources naturelles et le changement climatique.
La Présidence danoise veut définir une politique des transports plus « éco-rationnelle », mettre en place des normes vertes au sein du marché unique et généraliser des modes de production et de consommation durables. Le secteur agricole, et notamment la pêche, sont particulièrement visés.
4. Une Europe sûre
En matière de politique intérieure, la lutte préventive efficace contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière vient en tête des préoccupations de la présidence danoise.
Elle souhaite des négociations sur le régime d’asile européen et un renforcement de la coopération relative aux accords de Schengen, afin d’assurer le maintien d’un espace affranchi de contrôles aux frontières intérieures, au sein duquel les citoyens peuvent circuler librement.
En matière de politique extérieure, le Danemark souhaite que l’Union européenne parle d’une seule et même voix et soutient activement les efforts du Haut représentant aux affaires étrangères.
Où en sommes-nous ce jeudi 11 avril 2012 ?
De janvier à mars, notre hôte évoque « pas une seconde de respiration », « des réunions de crise qui s'enchaînent », « un seul sujet majeur : la crise des dettes souveraines et notamment celle de la Grèce ». Une situation d’autant plus difficile pour un Etat qui a choisi de conserver sa monnaie. Heureusement, depuis mars, Monsieur Jens Kisling nous confie pouvoir enfin à se concentrer sur les autres sujets, notamment la croissance et l'emploi.
Bien conscient que tous les dossiers ne peuvent être bouclés en six mois, le Danemark laissera aux présidences suivantes le soin de conclure certains dossiers, notamment celui sur les négociations sur le cadre financier pluriannuel.
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