La Fondation Századvég ('fin de siècle') est l'un des acteurs historiques de la sortie du communisme en Hongrie. Elle a rassemblé au tournant des années 90 plusieurs des jeunes acteurs de la transition, avec pour ambition de réacclimater les valeurs européennes et occidentales en Hongrie après 40 années de communisme. Proche du parti FIDESZ au pouvoir et du Premier ministre Viktor Orbán, elle demeure un défenseur attitré de l'éthique libérale, de l'économie de marché, du droit de l'Etat et de l'intégration européenne. Elle est à la fois un centre de recherches et de publications, et un institut de formation pour chercheurs en sciences sociales et futurs dirigeants du pays.
Quelles fins morales pour l'Europe?
Le Président de la Fondation, András Lánczi, est un philosophe politique de formation. Son analyse de la crise de l'intégration européenne relève l'absence de finalités morales supérieures dans le projet européen. L'Union européenne peut-elle se contenter de ses succès passés et présents (la paix, une réelle prospérité, l'état de droit et la réunification en douceur du Continent européen), ou doit-elle répondre au besoin d'identification collective des Européens – et de quelle manière? La nation, cadre traditionnel de l'identité politique, pouvait se passer d'idéaux supérieurs; l'Europe ne le peut pas, et tel est son problème. L'Europe doit définir ses idéaux, ce qu'elle seule peut défendre au nom des citoyens européens, ainsi que ses limites géographiques. Faute de quoi, elle perdra sa légitimité avec sa raison d'être.