Les universités d'été du MEDEF ont choisi
de consacrer une session à la place de l'industrie en Europe. Un bon nombre
d'industriels ont répondu présents, et ont débattu sur les défis et les
contraintes futures de l'industrie à l'échelle européenne.
Les intervenants débutent ce débat en
déplorant le regard passéiste des Français sur l'industrie, à la manière de
l'agriculture au XXieme siècle. Il est bon de rappeler, selon Gérard
Mestrallet, le patron de GDF Suez, que nous possédons des fleurons de
l'industrie énergétiques, à l'instar de Total (4e mondial) , GDF Suez/EDF (1er
en utilities), ou encore Areva (1er sur le marché du nucléaire).
Cela n'empêche pas de s'intéresser aux
enjeux futurs de l'industrie en France et en Europe. Le développement durable,
l'émergence d'une politique énergétique européenne émanant de l'ensemble des
politiques énergétiques nationales, ou encore la nécessité de financements
compétitifs de proximité sont les défis à relever.
René Ricol, médiateur Crédit près de l'Élysée, confirme l'importance du développement durable et appelle à une
solidarité intelligente de la finance vis-à-vis de l'industrie, ce qui implique
la reprise de risques par les banquiers sur des dossiers de l'innovation
durable.
Le ministre de l'Industrie, Christian
Estrosi, rappelle que la France et l'Allemagne exportent à eux deux davantage
de produits industriels que les BRICs réunis.
Le financier de la table, Monsieur
François Drouin (président
d'Oséo), affirme à son tour que le financement de l'industrie devra se faire
par une levée de verrous, dont les deux principaux sont : le soutien public des
entreprises jusqu'à 5000 employés, et l'augmentation de fonds propres par un
système de prêts participatifs, alternative au financement traditionnel.
Louis Gallois, président d'EADS, prend la
parole pour ajouter la dimension humaine dans le débat. Il explique
l'obligation que peut avoir une entreprise multinationale aujourd'hui à avoir
un bureau d'études hors de France. Deux raisons principales justifieraient
cette décision : trop d'élèves ingénieurs se détournent de la filière technique
pour s'engager dans la finance créant un déficit de compétences sur le
territoire français, et d'autre part, trop de difficultés administratives pour
pouvoir faire venir des compétences de l'étranger, puisqu'il faut justifier
l'impossibilité de trouver cette compétence sur le territoire national. Jean
Therme, directeur de la recherche technologique du CEA, confirme le danger d'un
déficit de compétences techniques et scientifiques en France, notamment face au
transfert de compétences vers l'Asie.
Eric Boustouller, président de Microsoft
France, répond en reprenant l'idée des pôles de compétitivité. A l'image de la
Silicon Valley où de nombreux français sont appréciés pour la qualité de leur
formation, il faut développer des terrains fertiles à l'innovation, où se
croisent acteurs publics, privés, investisseurs et universités.
Le débat s'oriente ensuite vers le rôle de
l'Europe. Les représentants industriels de la table ronde critiquent une
politique de la concurrence appliquée à la lettre, sans considération d'une
concurrence internationale. Anne Lauvergeon, présidente d'Areva, en profite
pour rappeler le manque d'une politique énergétique européenne. Elle lance un
appel afin de mobiliser les pays acteurs. Louis Gallois partage cet avis, et
insiste sur la nécessité d'avancer à quelques uns.
Gérard Mestrallet conclut en soulignant de
nouveau le danger d'une politique de la concurrence exacerbée, et d'un manque
de cohésion des pays acteurs en Europe, voire même des entreprises européennes
actrices du secteur.
Proposition : Un commissariat de l'énergie
français au regard de la réussite des entreprises françaises du secteur.
Groupe Économie et Innovation
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